Par Christine Delafare* et Grégoire Jacquiau-Chamski


Plus que jamais, les entreprises parlent d’innovation comme d’un facteur essentiel pour se démarquer de la concurrence, conquérir de nouveaux marchés ou se maintenir dans le peloton des entreprises leaders. Mais qu’en est-il vraiment ? Les entreprises sont-elles aussi innovantes qu’elles le prétendent ? Et de quelle innovation s’agit-il ?

Qu’est-ce que « l’innovation » ?
En premier lieu, le mot « Innovation » sous-entend l’invention de quelque chose qui n’existe pas : un produit, un service, etc. Dans les entreprises, ce type d’innovation est réservé aux chercheurs, aux cellules de recherches & développement ou même aux Directions marketing qui « packagent » des produits ou des services existant pour les rendre plus attrayants et performants, donc apparemment innovants.
La plupart des salariés se sentent désarmés face à ce type de démarche qui relève de la création pure. Ils manquent de temps pour réfléchir, d’aptitudes créatives, de recul et peuvent manifester un véritable blocage face à la demande d’innovation de leur management, laquelle s’inscrit dans les enjeux stratégiques de l’entreprise.
Mais l’innovation ne se limite pas à la création pure.

Innovation et pragmatisme
Il existe d’autres types d’innovations tout à fait à la portée de tous les collaborateurs d’une entreprise. Cette innovation relève d’un état d’esprit qui consiste à introduire dans sa pratique, ou celle de son équipe, une autre vision du métier, de l’approche client ou des relations avec les autres. Cette définition pragmatique de l’innovation se justifie dès l’instant où une démarche apporte un avantage (avantage client, avantage financier, avantage en termes de facilité ou de bien-être pour les salariés…). Que cette pratique existe ailleurs importe peu. C’est ce qu’elle apporte dans le contexte et la culture d’une entreprise déterminée qui constitue son côté innovant.
Ce type d’innovation est moins une affaire de chercheurs ou d’experts que de management et de gestion des ressources humaines. Il ne s’agit plus ici de créer une structure, un centre de recherche, mais d’instiller un esprit nouveau au sein d’une entreprise. Mais comment s’y prendre pour développer un état d’esprit créatif parmi les collaborateurs ?

La créativité au service de l’innovation
Derrière les sagas qui magnifient la réussite d’une entreprise ou le génie de son fondateur se cache souvent la réalité d’une organisation basée sur quelques règles simples et accessibles à chacun : les méthodes modernes de gestion de la créativité et de l’innovation. Quel est alors le lien entre l’innovation et la créativité ? L’innovation, dans sa définition pragmatique, est un facteur d’adaptation et de croissance : elle est l’une des clés de la réussite de nos sociétés modernes qui font de la perfectibilité chère à Rousseau la spécificité de l’homme. Elle part du principe que toute pratique peut être améliorée par ceux-là mêmes qui l’exécutent. La créativité, quant à elle, est ce qui favorise notre capacité d’innovation. Elle signifie adaptation, imagination, ouverture d’esprit, construction, originalité, liberté. Elle n’est pas réservée aux seuls chercheurs, artistes ou aux directeurs marketing. Définie comme la capacité de chacun à s’adapter au monde et à l’inventer, elle nous concerne tous.

Développer sa créativité
Être créatif, c’est s’entraîner à développer le potentiel qui est en chacun de nous à travers la pratique de méthodes précises qui nous permettent de porter un regard neuf sur notre environnement.
Etre créatif, c’est avant tout prendre conscience des filtres qui dénaturent notre vision du monde et s’entraîner à porter un regard neuf sur ce qui existe déjà. Cela revient à favoriser directement les améliorations possibles dans les pratiques habituelles, et être attentif au potentiel d’innovation qui peut surgir de manière très aléatoire dans la relative banalité du quotidien.
Mais comment susciter et stimuler cette créativité ? En tant que fondement d’une innovation permanente, elle peut être stimulée par quatre méthodes d’intervention :

1/ Les méthodes aléatoires, qui reposent sur l’association d’idées dont le brainstorming est l’exemple le plus connu ;

2/ Les méthodes antithétiques, qui consistent à remettre en question ce qui existe pour permettre au nouveau d’émerger ;

3/ Les méthodes analogiques, qui sont l’art de découvrir des ressemblances pour favoriser l’adaptation ;

4/ Les méthodes empathiques, qui permettent de porter un regard différent sur le monde qui nous entoure.

Surmonter le paradoxe de l’innovation
Toute la difficulté pour les entreprises est que le management de l’innovation s’inscrit dès le départ dans un paradoxe : l’innovation est par nature imprévisible. Si les laboratoires et les cellules de R & D sont des structures dont le financement est indispensable à l’innovation, celle-ci ne se commande pas. Elle semble être davantage le fruit du hasard (comme le post-it ou la pénicilline) ou d’individus géniaux que d’une politique volontariste. Mais ce qu’il faut noter, c’est que le hasard n’a pu déboucher sur une découverte qu’en raison de l’attention et de la curiosité du chercheur. Alexander Fleming ne jette pas les boîtes de Pétri lorsqu’il constate qu’elles ont été contaminées. Il les examine, il est curieux, il cherche à comprendre ce qui s’est passé. Bref, il est créatif.

Ainsi, la créativité est bien le moyen le plus efficace pour les entreprises de résoudre ce paradoxe. Intégrer la créativité au sein des entreprises, c’est mettre en place une méthode pragmatique et rigoureuse qui permet de porter attention à l’inattendu et de déclencher, puis développer, des comportements propices à l’innovation.

Vers une culture de l’innovation
L’esprit d’innovation en entreprise repose sur la capacité de chacun de pouvoir générer de nouvelles idées pertinentes par la pratique simple des méthodes de créativité qui favorisent la gestion de projets et les groupes d’innovation. Cette approche, en contribuant à l’amélioration continue au sein de l’entreprise, est aussi un formidable vecteur de plaisir et d’enthousiasme qui renforce la coopération et la solidarité au sein des équipes.

—————————————

Christine Delafare

*Christine Delafare est diplômée de l’enseignement supérieur et titulaire d’une Maîtrise de Gestion et d’un Diplôme Universitaire de Coaching (Paris II Assas). Spécialiste du Management, elle dirige le cabinet REFERENCE MANAGEMENT. Elle a travaillé pour La Redoute S.A. a mené des projets internationaux et collabore régulièrement avec de nombreuses entreprises en Management et conduite de projets innovants.

One Response to “Innovation et créativite, what else ?”

  1. […] reprends ici un excellent article du blog GJC-consulting consultable ici : http://www.gjc-consulting.com/blog… Par Christine Delafare et Grégoire […]

Leave a Reply