Conçue par la commissaire argentine Victoria Noorthoorn, la 11e Biennale de Lyon rassemble 78 artistes du monde entier, venus principalement d’Europe, d’Afrique et d’Amérique latine, dont les œuvres sont exposées sur 13 000 m² dans quatre lieux : la Sucrière, la Fondation Bullukian, le Musée d’art contemporain de Lyon et l’Usine T.A.S.E.

L’oeuvre qui m’a le plus marqué est sans doute l’oeuvre « Stronghold », sorte « d’architecture close » (lunettes rouges) de Robert Kusmirowski, artiste polonais né en 1973. il s’agit d’une architecture circulaire et inaccessible, dont la hauteur, l’acier rouillé, les barbelés rappellent des images de camps, d’enfermement, mais dont les fenêtres évoquent plutôt des vitraux d’églises ou de vieilles abbayes gothiques sorties des romans noirs d’Ann Radcliffe. Inaccessible certes, mais on distingue pourtant par quelques oeillères dissimulées ou le trou de la serrure un amas de vieux livres destinés à être brûlés et d’objets abandonnés à côté d’un vieux poêle.
Stronghold, 2011

On ne peut s’empêcher de penser à la Bebelplatz à Berlin où eut lieu l’autodafé des livres du 10 mai 1933 et qu’un artiste contemporain Micha Ullman a commémoré avec la Bibliothèque engloutie (« Versunkene Bibliothek ») : sous une plaque de verre posée sur le sol, les passants peuvent apercevoir en se penchant une bibliothèque aux étagères vides. Devant la plaque de verre, un vers de Heine est gravé : « Dort, wo man Bücher verbrennt, verbrennt man am Ende auch Menschen » (« Là où on brûle les livres, on finit par brûler les hommes »).

http://journeytoberlin.com/content/dort-wo-man-bücher-verbrennt-the-memorial-at-bebelplatz

« Stronghold » a l’intensité et la force des grandes toiles de l’Allemand Anselm Kiefer où, comme dans la série en hommage au poète Paul Ceylan que le galeriste Yvon Lambert avait donné à voir, la peinture se mélange avec barbelés, paille, pour faire surgir des horizons glacés et sans vie humaine.

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