On reconnait un grand dirigeant à la double responsabilité dont il se sait et se sent investi: responsabilité vis-à-vis de ce qu’il fait et responsabilité vis-à-vis de ce qu’il laisse faire.
L’éthique du dirigeant
La durée du vide
Le leadership : entre légitimité et efficacité
Lors d’une conférence donnée à l’INSEAD en décembre 2009, Gianpiero Petriglieri a souligné avec justesse le retour de l’illusion du leader en temps de crise : “At a time of crisis the temptation is enormous to put all our hopes in the hands of a few charismatic individuals, and leadership development can be co-opted to reinforce this illusion that a handful of well-trained great leaders is all we need. But we have to ask ourselves what kind of systemic cultural drivers led to some of the crises we’re facing today.”
Les 3 illusions du coach
[…] Suite et fin de l’article en 3 parties :
1ère partie : « Altervision: comment devenir coach? (Lettre à un coach, 1/3) »
2ème partie : « Altervision : comment devenir coach? (Lettre à un coach, 2/3) »
Enfin, cher G., en guise de fermeture de cette longue lettre, je partagerai avec toi ce qui m’apparaît comme les 3 principales illusions concernant le coaching:
Ces 3 illusions seraient :
1- On devient coach en se formant à des outils (les compétences font le coach).
En l’espace de quelques semaines, avant l’été, j’ai eu la surprise d’être contacté par plusieurs coachs, DRH et consultants tout juste certifiés coachs, qui souhaitaient être accompagnés dans leur questionnement et leur pratique. Cette sorte d’altervision laissait émerger toujours une seule et même question : comment devenir coach. Autrement dit : qu’est-ce qu’être coach?
Au fil des rencontres, j’ai donc été amené à réfléchir plus précisément à ma propre activité, son évolution et la façon dont je pouvais la partager le plus honnêtement possible. Voici la lettre que j’ai finalement écrite à l’un d’entre eux, DRH d’une grosse structure publique et formé au coaching à Paris 7.
Magali Baton est médaillée aux championnats du monde de judo. Coach certifiée HEC, elle accompagne aujourd’hui les managers en entreprise et dispense des conférences dans lesquelles elle aide les entreprises à s’approprier les leviers de l’excellence et de la performance dans les mondes sportif et entrepreneurial. Nous l’avons rencontrée et lui avons demandé ce que les cadre-dirigeants pouvaient apprendre des sportifs de haut-niveau.
Gjc : « Qu’est-ce que le sport peut nous apprendre en terme de gestion de carrière ?
Magali Baton : Regarder du côté des carrières sportives présente un intérêt majeur : le temps est raccourci, accéléré en quelques sortes : sur 10 ans, on retrouve tous les éléments de la carrière habituelle dans le monde de l’entreprise, avec la recherche de l’excellence, les coups durs et les remises en question, les échecs et les succès, la fin de carrière, et bien sûr la reconversion.
Ce qui me parait intéressant, c’est que les sportifs de haut niveau se trouvent d’emblée confrontés à la réalité éphémère de leur carrière. Michel Platini a dit : « je suis mort à 32 ans, le 17 mai 1987. »
(suite)… La guerre des générations est-elle alors inévitable? La génération Y est souvent perçue par les responsables de ressources humaines comme rétive à toute autorité, incapable de se concentrer longtemps sur une seule tâche et refusant tout engagement. Comment l’entreprise peut-elle alors imaginer son futur et anticiper ces conflits managériaux aux conséquences économiques et humaines globales?
Un nouvel âge adulte
Aujourd’hui, il convient de prendre pleinement conscience de la liquidation de l’idéal de l’état adulte.
Celui-ci s’inscrivait jusqu’il y a peu comme période de pleine maturité, par opposition à l’adolescence, période de frustration sociale (tant qu’elle s’inscrivait dans une révolte jusqu’à la fin des années 60), et à la vieillesse qui était le seuil vers la mort. Mais l’idéal de maturité adulte n’existe plus car il est un horizon inatteignable face aux exigences de l’individu contemporain qui veut mûrir sans vieillir. L’âge adulte doit plutôt être compris comme un processus de « maturescence ».
« Nos consultants sont bien payés, très compétents, appréciés de nos clients. Malgré tout, ils nous quittent en moyenne au bout de 3 ans. » Sylvie DRH +1 Consulting.
Depuis plusieurs années déjà, l’entreprise fait le constat d’un désengagement de ses managers, notamment des jeunes salariés qui n’hésitent pas à renoncer à des belles perspectives de carrière pour se consacrer à des projets personnels.
Le conflit des générations
Ce déclin de l’engagement en entreprise est souvent expliqué, dans la littérature managériale, comme une différence de générations. La Génération Y (les moins de 30 ans) ferait preuve d’un manque de maturité et serait inadaptée au monde de l’entreprise dominé par des managers issus de la Génération X (30-50 ans) et dirigée par la génération du baby-boom (les 55-65 ans nés juste après la Guerre).
Le succès du livre de Michel Onfray sur Freud Le crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne relance un débat dont tous les coups sont pourtant connus tant la partie a déjà été maintes fois jouée. Pourtant la virulence des échanges (notamment la réaction haineuse publiée sur le site Médiapart par l’historienne de la psychanalyse Elisabeth Roudinesco puis la réponse de Michel Onfray) invite à comprendre ce qui est au coeur de ce faux débat et de son succès public.
Il est en effet souvent bien difficile de s’y retrouver parmi les différentes psychothérapies. En premier lieu, il convient de distinguer 4 grands groupes de praticiens :1/ Les psychiatres : environ 13 000 en France, ils sont médecins et soignent les troubles mentaux. 70% d’entre eux sont formés aux concepts de la psychanalyse.
L’Art de ne « rien » vivre
Dans l’intensité de notre vie moderne, rien ne manque : vitesse, sensations, ivresse, échanges, favorisés par les NTIC et l’impression enivrante de vivre chaque instant. Et pourtant, « rien » manque. Le rien est absent de nos vies, car rien ne doit manquer.
Qu’est-ce que le rien sinon ces moments de profonde tristesse sans raison, cette mélancolie qui envahit le corps, la disparition de la moindre envie, la lassitude lourde comme les nuages gris d’un matin d’hiver de l’intensité de notre vie moderne qui ne se donne pas à comprendre? Le rien est la confrontation au sens de ce qui ne se laissait pas interroger. Le rien, c’est le néant qui se rappelle à nous : le ciel est vide. Memento mori. Le rien est le non-dit de notre quotidien, son image en creux.Paradoxalement, manquer de ce rien, c’est risquer de manquer notre vie. Car c’est dans le rien en tant que vide que se joue la vie. Dans les moments qui sortent des cases du planning, dans les journées sans prétexte, dans les moments courageux où l’on renonce à la distraction qui nous permettrait de ne pas sentir le vide monter en nous… « L’unique bien des hommes, souligne Pascal, consiste à être divertis de penser à leur condition… par quelque passion agréable » (Lafuma, fragment 136). Se divertir, c’est « se détourner » au sens étymologique.
Il convient alors d’introduire le rien dans notre vie pour réellement la vivre. Face à la peur de se perdre, il faut accepter de se perdre. La question n’est plus alors : comment remplir sa vie pour échapper au néant (succès, bonheur, travail, famille, etc.), mais comment se laisser surprendre par les creux de la vie? Plutôt que de se « dé-tourner », pourquoi ne pas « con-tourner », c’est-à-dire oser le détour, le temps long qui fait un pied de nez à l’efficacité, oser mettre le rien au centre. Vivre, c’est peut-être découvrir l’Art de vivre. L’Art dans son imperfection, ses hésitations, ses détours.