Conférence des Mardis des Bernardins (Collège des Bernardins)
Mardi 13 septembre 2011, de 20h à 21h45
« Tout vient à point à qui sait attendre. »
Immergés aujourd’hui dans une société de l’immédiat et de l’instantané transformée par des révolutions technologiques, nous avons radicalement modifié notre rapport au temps : les distances se calculent désormais en heures, la vie s’accélère alors même que sa durée s’allonge, et le temps semble toujours nous échapper.
Dès lors, le court terme est-il devenu notre horizon, et le temps notre mesure de référence ?
Pour la rentrée, où tout à nouveau s’accélère, prenons le temps de penser la vitesse.

Avec la participation de :
Gil Delannoi, politologue, responsable du pôle « Pensée politique, histoire des idées » au CEVIPOF
Paul Virilio, urbaniste et essayiste, inventeur du concept de la tachynomie (la vitesse devenue norme)
Jean-Louis Servan-Schreiber, Directeur du magazine CLÉS, essayiste

http://www.collegedesbernardins.fr/index.php/rencontres-a-debats/presentation/1627.html

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Michaël Foessel toujours : « Le temps disponible semble disparaître à mesure que nous possédons des outils censés le maîtriser. (…). Dans un réel globalisé, le problème pourrait bien être celui d’une désynchronisation achevée entre les attentes subjectives et les accélérations du réel. »

Quelle réconciliation possible entre le temps du monde et le temps de la vie (Blumenberg)? En entreprise encore plus qu’ailleurs, c’est la course contre la montre : le repos, la stagnation désigne une sorte d’anomalie suspecte. Comment s’arrêter, se (re)poser quand tout continue, – toujours plus vite? Peur d’être dépassé(e), débordé(e) : Kronos dévore ses enfants.

Sur la dévoration des enfants :
« Les figures de la transgression : Deux figures de la dévoration : Cronos et Médée »

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« On regarde la télévision sans l’aimer, et en regrettant de ‘ne pas avoir le temps‘ de faire autre chose. » (Lu dans l’article de Michaël Foessel : « Tout va plus vite et rien ne change : le paradoxe de l’accélération », Esprit, juin 2010).

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Dans l’intensité de notre vie moderne, rien ne manque : vitesse, sensations, ivresse, échanges, favorisés par les NTIC et l’impression enivrante de vivre chaque instant. Et pourtant, « rien » manque. Le rien est absent de nos vies, car rien ne doit manquer.

Pierre Soulages

Qu’est-ce que le rien sinon ces moments de profonde tristesse sans raison, cette mélancolie qui envahit le corps, la disparition de la moindre envie, la lassitude lourde comme les nuages gris d’un matin d’hiver de l’intensité de notre vie moderne qui ne se donne pas à comprendre? Le rien est la confrontation au sens de ce qui ne se laissait pas interroger. Le rien, c’est le néant qui se rappelle à nous : le ciel est vide. Memento mori. Le rien est le non-dit de notre quotidien, son image en creux.

Paradoxalement, manquer de ce rien, c’est risquer de manquer notre vie. Car c’est dans le rien en tant que vide que se joue la vie. Dans les moments qui sortent des cases du planning, dans les journées sans prétexte, dans les moments courageux où l’on renonce à la distraction qui nous permettrait de ne pas sentir le vide monter en nous… « L’unique bien des hommes, souligne Pascal, consiste à être divertis de penser à leur condition… par quelque passion agréable » (Lafuma, fragment 136). Se divertir, c’est « se détourner » au sens étymologique.

Il convient alors d’introduire le rien dans notre vie pour réellement la vivre. Face à la peur de se perdre, il faut accepter de se perdre. La question n’est plus alors : comment remplir sa vie pour échapper au néant (succès, bonheur, travail, famille, etc.), mais comment se laisser surprendre par les creux de la vie? Plutôt que de se « dé-tourner », pourquoi ne pas « con-tourner », c’est-à-dire oser le détour, le temps long qui fait un pied de nez à l’efficacité, oser mettre le rien au centre. Vivre, c’est peut-être découvrir l’Art de vivre. L’Art dans son imperfection, ses hésitations, ses détours.

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